En attendant ...
La pièce Quand même se mérite : elle se donne au troisième étage du Lucernaire. Mais le fait qu’elle ait lieu au paradis est une heureuse coïncidence. Car là où la plupart des pièces sur l’univers du théâtre pèchent par narcissisme, cette dernière est profondément didactique et fait montre d’un amour extraordinaire pour le public.
Il suffit que la comédienne dise qu’elle allait jouer une pièce dans les villages corses et on voit déjà le village, le préau de l’école transformé en salle des fêtes, la scène improvisée et le public devant. En moins de trente secondes, elle nous embarque dans une plongée au royaume du spectacle, vu côté comédien.
La représentation, qui n’est rien sans le public ou les techniciens, le chômage qui n’est pas repos mais gestation, le jeu comme texte faisant irruption dans la vie de l’acteur, le geste infime qui va dire l’âge ou le caractère de ce dernier, le temps que le spectacle arrête pour le réinventer en faisant surgir du coeur de tous, bagnards compris, un espace de liberté et d’émotion pure… C’est dit avec tant de vérité, de tendresse, de délicatesse aussi, qu’on en frissonne.
Pierre FRANÇOIS
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